LA SPIRITUALITÉ AFRICAINE COMME BASE DE NOTRE INDUSTRIE
Leçon de Désintoxication religieuse créationniste, publiée il y a 3 ans, le 23 avril 2016
Si j’avais été créationniste (chrétien ou musulman), je n’aurais jamais mis sur pied une telle formation pour partager avec ma communauté les secrets industriels que j’ai acculés comme producteur de machine de conditionnement et les emballages pour les industries chimiques, pharmaceutiques et alimentaires pendant 15 ans, en Italie.
Le créationnisme est le culte de l’individualisme et de l’enrichissement personnel à outrance, même si tout le monde autour peut sombrer au même moment dans la misère.
Chez eux, on ne fait du bien que parce qu’on a une récompense, rémunération : la vie éternelle de bonheur dans un paradis où il n’y a pas de travail, mais juste avoir tout sans autre contre partie. Le chrétien, le musulman ne fait du bien à son prochain que parce qu’il a le paradis comme compensation, comme dédommagement, comme rétribution. Pour le reste, c’est la prédation de tout et de tous, au premier degré. Voilà pourquoi, il est impensable qu’un industriel chrétien ou musulman organise une telle formation pour dire aux autres : voilà comment j’ai fait, voilà comment en le faisant je me suis trompé, voilà où j’ai réussi, voilà où j’ai échoué et il vous convient désormais d’éviter tel parcours et de prendre plutôt tel autre raccourcis pour arriver encore plus vite que moi.
Ce discours peut venir de quelqu’un qui comme moi, croit en ses ancêtres et à qui pour rendre hommage, met au premier point l’harmonie de toute la société avec le même principe : je ne suis rien, si mon village n’est rien. Je ne suis personne si ma communauté est piétinée.
Sélectionner des éléments valeureux d’une communauté qu’on forme, qu’on dresse pour aller au front relever l’image et les intérêts stratégiques de tout le groupe, est ma mission. Mais pour y arriver, encore faut-il avoir l’intelligence de savoir que nous sommes en guerre. Et qu’il est donc impensable que nous allons nous relever en utilisant la même pilule religieuse qui a purgé nos prédateurs pendant 1000 ans de moyen-âge.
En d’autres termes, un Noir qui est sincèrement convaincu que Jésus est aux commandes aujourd’hui, c’est à dire le même Jésus qui a préféré faire l’abonné absent, pendant qu’on déportait nos ancêtres, c’est qu’il vaut mieux savoir dès maintenant qu’on ne peut pas compter sur lui pour notre propre révolution. Parce qu’il est en toute bonne foi, inutile à notre cause, à notre bataille d’industriels africains de demain qui doivent reconquérir notre dignité d’humains libres surtout mentalement.
Les premières chaines de l’esclavages pour le Noir sont religieuses. Et rendre hommage à nos ancêtres dans une telle formation des industriels, est la preuve que nous sommes sur la bonne voie, parce que nous avons cessé de dire “Oui, Patron” “Oui, Pasteur”, “Oui Monseigneur”, “Oui, Mon Père”, “Merci sa Sainteté”, surtout quand c’est un papa africain de 80 ans qui appelle “Mon Père” un jeune prêtre blanc de 30 ans, le comble de l’idiotie des chaines esclavagistes religieuses.
C’est le devoir des industriels patriotiques africains de couper définitivement ces chaines invisibles qui font de la communauté noire de la planète, des parias pour l’humanité.
Chacun de vous doit choisir un village africain comme sa base arrière, comme son quartier général. Et trouver un moyen de faire participer la population locale à vos activités agro-industrielles. Ce n’est pas qu’un choix stratégique territoriale, mais c’est en même temps nous ré-approprier l’espace de nos villages, de nos traditions que nous devons reconstruire de ses décombres après l’orage de la violence esclavagiste et coloniale. Contribuer à donner un revenu stable à nos habitants des villages est incontournable pour fortifier ces vrais défenseurs de nos traditions, ces vrais résistants de notre spiritualité.
Le tout n’est donc pas d’apprendre ici à produire la richesse, mais comment faire qu’elle rende meilleure notre société toute entière dans la promotion de la fierté de ce que nous sommes.
L’attention au bien-être de tous, c’est l’héritage que nous recevons de nos ancêtres à qui vous rendrez hommage à travers vos activités sur le terrain, dans nos zones rurales, avant d’attaquer le marché de la ville africaine qui est par définition européenne. Et pouvons-nous rendre hommage à nos ancêtres dans ces villages sans ré-valoriser la spiritualité de l’harmonie sociétale qu’ils nous ont laissée ?
Jean-Paul Pougala
Yaoundé, le 23 Avril 2016
(re-publié de Douala le 1er Septembre 2019)