Un exemple D’africain béninois courageux détruit par les lobbies pharmaceutiques français : Béninois et pharmacien biologiste de son état, le docteur Falilou Adebo est décédé ce jour à Cotonou.
Il a été une personnalité marquante de la vie économique du Bénin et d’une partie de l’Afrique de l’ouest francophone sous contrôle du franc CFA.
En 1986 il devient sous-directeur général de la plus grosse société pharmaceutique de distribution de médicaments du pays .
Le GAPOB ( Groupement d’Achat des Pharmaciens d’Officine du Bénin ) est comme toutes les sociétés et entreprises africaines de la zone franc CFA, c’est à dire dirigé par un français, à capitaux majoritairement français et faisant le commerce de produits français. Le tout en Afrique noire au profit de la France et contre les intérêts des populations africaines.

Falilou Adebo va modifier en profondeur la structure et le fonctionnement néocolonials du GAPOB en changeant radicalement la donne économique sur le marché sous-régional du médicament, au profit des populations locales et des acteurs économiques locaux que sont les pharmaciens.
Sa stratégie est simple ,il propose aux pharmaciens béninois d’investir dans le GAPOB. Ce sera une véritable révolution économique et financière.
En quelques mois les actionnaires béninois de GAPOB, devenus majoritaires en nombre et au plan financier votent la destitution du directeur général, qui avait toujours été un français bien que le GAPOB soit une société béninoise.
Adebo devient DG et les capitaux du GAPOB sont très vite 100% béninois.

Aux affaires, Adebo impose aux laboratoires pharmaceutiques français une baisse du prix du médicament. Alors que les français sont habitués à proposer les prix des médicaments et plus généralement celui des produits finis qu’ils vendent aux Africains.
Autre grande décision, Adebo sélectionne les références de médicaments qu’ils jugent utiles aux populations locales. Uniquement préoccupés par l’appât du gain,les français étaient trop habitués à nous vendre des médicaments qui nous étaient totalement inutiles.
En 1994 suite à une dévaluation du franc CFA de 50%, les produits importés de France doublent mécaniquement de prix sur les marchés africains.
Adébo se rend alors au Maroc pour conclure des accords d’achat avec les Marocains qui fabriquent et commercialisent des médicaments à un prix moindre que ceux venus de France.
Adebo décide dans la foulée d’élargir sa politique de diversification de ses sources d’approvisionnement pour continuer à se libérer de la tutelle économique française.
Il se prononce pour l’ouverture d’une société chinoise de fabrication de médicaments génériques au Bénin.
La société Tongmei s’installera au Togo mais livrera le Bénin en médicaments génériques à très bas coup.
Adebo fera distribuer sur le marché béninois des médicaments indiens dans les règles après qu’ils aient reçu une AMM ( Autorisation de Mise sur le Marché) du gouvernement béninois.
La politique économique et financière du GAPOB étant profitable aux populations, le GAPOB arrivera sans mal  à vendre ses produits au Togo au Niger au Burkina Faso.
Puis GAPOB fait des émules.
UBPHAR, une seconde société à capitaux 100% béninois voit le jour au Bénin.
Les Burkinabé et les Togolais parlent eux aussi d’ouvrir des sociétés de distribution de médicaments totalement indépendantes.

Mais la France n’accepte pas la situation du marché du médicament qui prévaut dans la sous-région.
Elle craint tout particulièrement une contagion de cet élan nationaliste à tout l’espace économique de son pré-carré africain.
Alors elle réagit, et comme toujours en Afrique, avec violence.
En 2009 la fondation Chirac lance l’appel de Cotonou.
Officiellement, il s’agit pour la France de combattre le développement de la vente de médicaments falsifiés et illicites en Afrique et dans le tiers-monde en général.
Dans les faits la France a trouvé un prétexte pour s’attaquer au mouvement d’émancipation économique qu’Adebo a su initier dans la sous-région.
En 2017 Adebo est accusé par la justice béninoise aux ordres du président Talon de trafic de faux médicaments. Suite à un simulacre de procès, il est condamné avec 3 autres grossistes
à 4 ans de prison ,plus à de très lourdes amendes financières de plusieurs centaines de millions de francs CFA.
Comme souvent en Afrique il n’a pas été question de justice mais de règlements de compte entre africains au profit des intérêts français.
Dans ce cas particulier, le but atteint aura été d’éliminer Adebo de la scène économique locale et d’instiller la répression dans l’esprit d’opérateurs économiques africains nationalistes.
Adebo ne survivra pas à la répression française.
Après 10 mois de prison il est libéré et meurt quelques mois plus tard.

J’ai très bien connu Falilou Adebo et je le cotoyais depuis 35 ans dans l’intimité comme au plan professionnel.

Bien sûr les médias aussi bien français qu’africains invisibilisent les luttes de ces cadres africains pour l’indépendance économique de nos pays et le bien-être de nos populations.
Mais la lutte continue.
Parce que le droit des Africains à vivre libres et heureux sur leurs terres en toute autonomie est inaliénable.

Les Français pleurent Chirac.
Beaucoup d’Africains pleurent ce soir l’un de leurs dignes fils, victime du néocolonialisme chiraquien.

Hommage au martyr.