MESSAGE DU PRESIDENT NATIONAL D’ADDI A L’ANNIVERSAIRE DE L’INDEPENDANCE DU TOGO
Après le scrutin présidentiel, en attendant la proclamation des résultats provisoires par la CENI, quelques amis et moi passions en revue le déroulement de la campagne électorale qui a été conclue quelques jours auparavant. Tous les candidats avaient pu organiser des manifestations dans toutes les préfectures auxquelles les électeurs ont assisté sans contrainte et dans la paix. Les meetings durant les heures de service n’avaient pas connu beaucoup d’affluence en raison du fait que beaucoup de jeunes travaillaient. Les fonctionnaires qui le souhaitaient avaient pu participer à la campagne électorale suivant leur appartenance politique. Ils trouvaient par ailleurs que leurs chefs de service étaient nommés en raison de leur compétences et performances et non compte tenu de leur appartenance politique. Le jour du scrutin, les membres des bureaux de vote et les délégués des candidats, tous militants de différents partis politiques, avaient travaillé dans la convivialité. Le dépouillement des urnes s’était déroulé en toute transparence devant l’assistance de la population. Le candidat déclaré élu a été félicité par tous ceux qui avaient été ses concurrents. Il ressortait des rapports en provenance des différentes fédérations, que la population en général manifestait une grande joie à la suite de la proclamation des résultats. Les militants des autres partis, tout en n’étant pas satisfaits des performances de leur candidat, acceptaient les résultats proclamés par la CENI.
Le bruit de l’explosion de joie de la majorité de la population m’a réveillé ! C’est là que j’ai réalisé que je rêvais ; je rêvais d’un monde dans lequel je souhaiterais vivre. J’aurais aimé vivre dans un pays où les élections se déroulent dans la transparence, la non-violence où tout candidat a accès à toutes les régions, préfectures, cantons, villages et quartiers. Je rêve d’un pays où les citoyens n’attacheront aucune importance à l’origine ethnique, régionale des candidats. Je rêve effectivement d’un Togo où les fonctionnaires sont promus suivant leur compétence et performances professionnelles et non en raison de leur appartenance ethnique, régionale, religieuse ou partisane. Oui, je rêve d’un Togo où les jeunes auront des emplois décents. Ai-je tort d’avoir ce rêve !
Nous allons fêter l’anniversaire de notre indépendance. Comme Togolais, nous devons nous interroger sur ce que nous avons fait de ces 61 ans. Soixante-un ans n’est pas un jubilée : c’est un anniversaire ordinaire. Mais un anniversaire de 61 ans veut dire que nous avons dépassé le jubilée de Diamant. Soixante et un ans c’est beaucoup dans la vie d’un individu mais 61 ans c’est peu pour la société, pour un pays.
Et près de la moitié de ces 61 ans a été consacrée à l’intensification de la lutte pour un Togo plus démocratique pour toutes les filles et fils de ce pays. Et dire que plus des deux tiers des Togolais qui vivent aujourd’hui n’étaient pas encore nés ce fameux 5 octobre 1990, jour mémorable du début des manifestations pour un renouveau démocratique au Togo.
Oui, nous de l’opposition en tenant compte des expériences récentes, disons qu’il est difficile de travailler ensemble. Oui la population, après plus de trente ans de lutte sans aucun résultat probant, peut dire qu’elle a tout donné, qu’il est difficile de protester contre les abus des gouvernants. Oui avec l’Etat d’urgence sanitaire décrété par le Gouvernement pour prétendument lutter contre la pandémie de la COVID 19, il est difficile pour les jeunes de mener des actions de résistance. Oui parce que le Gouvernement pose des actes en violation des droits des travailleurs tout en ne respectant pas ses engagements, il est difficile pour les syndicalistes d’oser prendre la défense même de leurs membres. Oui en raison du fait que les forces de défense et de sécurité ont interdit l’accès de certaines villes à des opposants, il est alors difficile de bouger. Oui c’est difficile.
Soixante un ans c’est beaucoup : c’est suffisant. Le coût social de cette lutte est très élevé. Mais devons-nous être découragés ? Devons-nous dire que nous sommes engagés dans une lutte sans fin ? Le 25 mai 2020, le policier de Minneapolis aux Etats Unis, Derek Chauvin, avait causé la mort du jeune noir, George Floyd, en s’agenouillant sur lui. Le mardi 20 avril 2021, Derek Chauvin a été trouvé coupable. Combien sont-ils ces policiers qui ont été acquittés après avoir contribué au décès de jeunes Afro américains ; et ce pendant combien d’années ? En dépit du fait que leur lutte contre la ségrégation raciale ait commencé aux Etats Unis il y a plusieurs décennies, les Afro-américains continuent toujours de lutter pour l’égalité des races aux pays de l’Oncle Sam. Durant combien d’années les noirs ont-ils lutté avant d’obtenir l’application du principe « un homme une voix » chez eux en Afrique du Sud ? Et pourtant les Afro-américains doivent continuer leur lutte pour être considérés comme citoyen au même titre que leurs concitoyens de race blanche. Et pourtant en Afrique du Sud, les Noirs doivent persévérer dans leur lutte pour rêver avoir les mêmes conditions de vie que leurs concitoyens blancs.
Le Togo tel que je l’ai perçu dans mon rêve n’est-il pas réalisable ? Je suis convaincu que la réponse est oui. Mais pour qu’il en soit ainsi, pour l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), l’heure n’est pas au découragement. ADDI continuera à lutter pour l’unité d’action contre la dictature, pour les droits de l’homme, pour plus de démocratie au Togo. Nous n’avons pas le droit de baisser les bras : d’ailleurs avons-nous la possibilité de le faire ?
Les responsables d’UNIR doivent savoir que la gouvernance politique et économique qu’ils imposent aux Togolais n’est pas durable. La fuite en avant qui caractérise leur comportement prendra bientôt fin avec ou sans leur volonté. C’est pour cette raison qu’ils doivent faire preuve de courage pour participer au changement que souhaite tous les Togolais.
Chers compatriotes, je nous souhaite joyeux anniversaire d’indépendance avec cette réflexion de Sénèque : « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas les faire, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. »
Bonne fête
Tchabouré Aimé GOGUE
Président national ADDI