LES RÉSEAUX SOCIAUX TUENT LES POLITIQUES
L’information médiatisée se voit reconnaître une influence sur les destinataires. Ah Oui! Ce sont les médias et les formes de la communication politique qui articulent les consistances symboliques aux engagements de leurs destinataires dans la pratique effective des décisions et des actes. Autrement dit, ce qui sort des médias est pris comme réel et agit sur les prises de décisions des acteurs.
Les réseaux sociaux façonnent alors les partisans et acteurs politiques.
Quelle est l’architecture du couple réseaux sociaux/politique togolaise?
Ailleurs et surtout dans la sous-région ouest-africaine, les TIC ( NTIC) ont joué et continuent de jouer un rôle capital dans l’émancipation politique. Beaucoup de régimes ont changé de mains suite aux mouvements boostés par les réseaux.
Au Togo, les réseaux sociaux sont aussi utilisés comme moyens de lutte. À la différence de beaucoup de pays, les activistes togolais n’ont pas su mettre à profit cet outil précieux. Déjà en 2017, deux blocs se sont formés : le bloc des activistes du régime et celui des activistes proches de l’opposition qui se retrouvent dans la vision de la C14. Rapidement, ces deux entités ont choisi véhiculer des contenus non désirés comme des messages haineux et violents. Après l’échec du dialogue politique, c’est le cyber-harcèlement de certains leaders de partis politiques de l’opposition qui est devenu la mode. Plus de vie privée. Les atteintes à l’identité et à l’image personnelle ont pris le dessus. Bonjour les dégâts avec des vidéos et audios montées.
À la veille de la présidentielle du 22 février 2020, les internautes du régime se sont font rares. Place maintenant au duel Dynamique Monseigneur Kpodzro et l’Alliance Nationale pour le changement (ANC). C’est ici que les montages les plus grotesques se font sentir. Les écrits sont devenus plus haineux qu’avant. Des leaders de l’opposition sont vilipandés à longueur de journée. Des fake news formats audios, vidéos et écrits sont partagés comme de petits pains. La toile est polluée à jamais et la division de la classe politique de l’opposition est à ciel ouvert. Pendant tout ce temps, le régime déroule son agenda sans soucis car il n’y a plus rien en face.
Les activistes n’ont pas conscience de la portée qu’ont les réseaux sociaux communément appelés <<public invisible>>, du fait que les informations mises en ligne sont souvent conservées de manière permanente et dont tous ceux qui ont accès à votre profil ou non peuvent les partager ailleurs. J’oubliais que d’autres incitent le partage de leurs audios et vidéos. Ce qui est regrettable est que tout porte à croire que certains regroupements politiques ont des laboratoires de conceptions de fausses informations sur certains hommes politiques. Des audios et écrits féeriques polluent la toile. Chose curieuse, ces informations féeriques emballent même des Docteurs du domaine des sciences de l’homme et de la société ; qu’en serait-il du vieux Sipokpé perdu dans les confins de Kpakpalakpènou?
Pis encore, de faux comptes Facebook, Twitter, WhatsApp sont les plus actifs sur la toile. La plaie devient béante.
À qui profite ces méthodes diaboliques ?
Les internautes togolais doivent savoir que les images ou les commentaires souvent postés en ligne de manière irréfléchie peuvent ainsi, sortis de tout contexte, continuer à causer de problèmes même encore longtemps après la publication; ce qui pourrait porter préjudice aux chances d’une personne d’obtenir un emploi sur le marché du travail.
Tout le monde dit un jour des choses qu’il regrette ensuite d’avoir dites. Le problème en ligne , c’est que des publications irréfléchies ne s’oublient souvent pas aussi simplement comme c’est généralement le cas dans le monde réel. On n’est pas activiste à vie.
Oui, si auparavant l’homme politique était inaccessible, réfugié dans ses instances, il est désormais devenu le voisin d’ << à côté>>. Ce n’est pas parce que les réseaux sociaux nous rapprochent des leaders politiques qu’on doit profiter les détruire avec des montages grotesques. Si cette proximité libère la parole, elle pose également le problème de la “politique émotion”. Ces réactions à chaud imposées par les réseaux sociaux doivent être maîtrisées. Même si beaucoup de plateformes sur la toile sont sans censures, WhatsApp Messenger et Télégram ont donné le pouvoir aux administrateurs de prendre leur responsabilité en mettant fin aux dérives.
Par Patrick NÉBADI
Source, Le Correcteur No 933 du lundi 25 mai 2020