La lâcheté d’une armée
Plus on avance, plus on se rend compte que, s’il existe encore dans l’armée togolaise des bras valeureux, népotisme et régionalisme aidant, l’autre réalité est qu’elle se mue de plus en plus en un cocktail de lâcheté. C’est une peine de constater que beaucoup de nos militaires sont désormais capables de rien en dehors de leurs armes à feu ou ceintures assorties d’une crosse métallique fatale. Il vous souvient cette altercation véhiculée par une vidéo. Une scène de lutte où un gamin avait presque mis à terre un colosse habillés en gendarme avec qui le jeûne est colocataire. Il nous ait revenu que le soldat était un garde rapproché d’un patron et qu’il était aux arêtes.
Notre source ironisait que pour avoir fait longtemps sous le baron, il est devenu poltron, un recyclage lui remettra a jour. L’avant dernière scène est la mort par des corps habillés, probablement des militaires à bord d’une voiture, à Amadahome de feu Dodji. Bien avant, il se répète des affrontements corps à corps où des hommes habillés plient face aux civils. Les circonstances de la mort du jeune Mohamed ce jeudi 21 mai à Avedji, l’un des quartiers latins de Lomé, corrobore l’ inquiétude. Mauvaise conduite ou manœuvre sans avertissement, le regretté Mohamed n’est plus pour répondre, les lions seuls écriront l’histoire de la chasse. Nous ne voulons pas savoir quelle était cette infraction qui vaut la vie à un débrouillard père d’un enfant. Le jeune est pris en sandwich, dans les échanges, les soldats n’ont trouvé mieux que de sortir les cordelettes, pire, un couteau pour menacer la victime. Le comble, les bourreaux arrosent de balles le pauvre abandonné dans une mare de sang.
Une question: qu’est-ce qui peut justifier que deux soldats soient obligés de se servir de coutelas et cordelettes pour maitriser un civile en plein midi affaibli de surcroît par son jeûne ? En dehors de leurs couteaux et armes à feu, nos forces de l’ordre ne sont-elles plus capables de bravoure en face d’une prétendue résidence civile?
Débarrasser d’une arme à feu, ou tout autres instruments de la mort nos militaires ne sont plus capables de faire la différence avec les civiles ? Il faut repenser l’armée car de sa main, elle banalise le crime de sang. La corruption a déversé tous les lâches et incapables dans un corps de métier noble qui finit par laisser tomber le mythe. Faut-il comprendre le pourquoi des individus, soient ils des tueurs professionnels, se soient payés le luxe d’abattre froidement un chef corps, dans son bureau, au cœur d’une nuit sous couvre feu, dans le camp le plus armé de la capitale ? Le Togo est risqué. Depuis Août 2017 le maintien d’ordre est un mélange où policiers, gendarmes et militaires de tous les bérets font un. La ville est devenue un champ de guerre où se côtoient les militaires qui n’ont appris qu’à faire la guerre, si on peut ainsi exagérer, et les forces de maintien d’ordre. Bonjour la gâchette facile, le permis de tuer est la tenue militaire, l’arme, la ceinture et le couteau font le reste du boulot. On espère que l’enquête que vient d’ouvrir les autorités ne viendra pas remuer dans la plaie de la veuve et de l’orphelin.
Si une partie de ces tueurs sous serment peuvent retourner dans les garnisons, ils rendraient service a l’État. Plus que les civils qui craignent désormais d’être sécurisés, ce sont les hauts gradés qui ont réellement besoin de sécurité du fond de leur ”guouantanamo”.
Dans un pays en paix, quand l’insécurité devient roi, s’est que le crime cohabite avec les garnisons. Basta!
Abi-Alfa