Hideux spectacle de drapeaux russes qui flottent fièrement dans les carrefours des villes et villages du Burkina Faso.

Il y a une dizaine d’années, j’ai assisté au même phénomène au Mali, où le drapeau tricolore français était devenu l’emblème à afficher et saluer partout, où François Hollande, à l’époque président de la République française, avait été reçu, un soir, à Bamako, tel un héros, où, sur une terre d’islam, des parents s’étaient mis à donner des prénoms judéo-chretiens à leurs enfants, pour exprimer leur reconnaissance à la France d’avoir sauvé le Mali du naufrage.

Cette époque paraît maintenant si lointaine, si irréelle qu’on se demande si elle avait vraiment pu exister.

Parce qu’aujourd’hui, au Mali, mais aussi au Burkina Faso, c’est un autre drapeau tricolore qui fait l’objet de vénération.

Il ressemble étrangement à celui de la France, mais la place des couleurs et la direction des bandes ont changé. Le Bleu Blanc Rouge vertical de la France est devenu le Blanc Bleu Rouge horizontal de la Russie.

Et tout ceci ne semble réellement pas nous déranger. Que nous hissions, nous-mêmes, si fièrement, des drapeaux autres que les nôtres sur nos terres, les uns après les autres !

La vérité est que nous ne rendons pas la tâche facile à nos partenaires (qui pourtant prennent plus de nous que nous ne prenons d’eux) de nous donner le moindre respect.

Dans nos rapports avec eux, nous nous présentons si désespérées, si nécessiteux, si faibles qu’il est impossible qu’ils n’aient envers nous que pitié, condescendance et mépris.

Les autorités burkinabé, s’ils croient vraiment à cette souveraineté de leur État qu’ils claironnent tant ces derniers temps, peuvent encore avoir la dignité d’ordonner que ces drapeaux russes disparaissent de tous les coins du Burkina Faso.

Parce qu’on n’a point besoin, dit l’adage, de ramper pour montrer qu’on est à terre.

David KPELLY